Chers amis,
Vous avez été nombreux à saluer mon retour et à passer voir
ce blog après quasiment 3 mois d’absence. J’ai pu constater que vous ne m’aviez
pas oublié pour certains, si bien que l’épisode 2 du rapport d’Aventure
« Lettres de sang », a rejoint le top 10 des articles les plus
visionné.
Je ne m’attendais pas un retour comme celui-ci et cela me
conforte à nouveau dans l’idée qu’il y a une demande et que 40 Arkham Avenue
peut être un beau projet.
Merci.
Place maintenant à la présentation de ce que je me suis procuré dernièrement :
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Bienvenue à Calcuta, années 20' |
« Pluies d’étoiles sur la plateau de Leng ».
C’est officiellement le numéro 45 de la gamme de l’Appel de
Cthulhu et donc, le numéro 5 de la V7 (eh oui déjà !) ; orienté
principalement « aventure » avec un petit chapitre tout de même pour
placer du contexte.
Alors de quoi s’agit-il ? C’est un recueil de scénarios
avec principalement une mini campagne qui se déroule entre une ville américaine
de l’Arkansas et les Contrées du rêve ; composés de 3 scénarios (dont un
facultatif) et une mise en contexte sur la ville d’Eurêka Springs (véritable
ville de l’Arkansas) et de ses habitants.
Alors, malgré l’apparent manque
d’épaisseur comparé aux autres volumes sortis, je peux vous dire que cette
campagne est tout de même assez dense. Le temps estimé en tout dans le bouquin
est de 12h, dont 8h pour « Pluie d’étoiles.. » (2h pour chacun des
deux autres scénarios), ce qui est donc pas mal du tout. En ce qui concerne les deux scénarios
introductifs, il y en a un qui me gène tout particulièrement (mais je vais y
revenir), qui propose tout de suite de l’action et un second qui semble être un
peu plus proche de l’étrangeté que l’on pourrait retrouver chez Stephen Kings
avec une ville qui va réagir aux événements du scénario précédent.
Quoi d’autre ? Trois scénarios inédits qui viennent
s’ajouter au thème général du Livre qui est celui d’introduire les Contrée du
Rêve (qui doivent être en cours d’impression/montage au moment où j’écris ceci)
et aussi de voyager. En effet, vous avez un scénario sur une croisière dont la
trame paraît un peu bancale à première vue, mais qui peut être très intéressant
à exploiter dans son fonctionnement pour ajouter un aparté à une campagne qui
nécessite de traverser l’atlantique, ou bien comme scénario pour initier des
joueurs car il y a un côté ludique assez intéressant en ce qui concerne la
façon de jauger les PNJs.
Vous avez un second scénario qui fera voyager vos
investigateurs en Inde, qui est un territoire jusque là inexploité en v7. Avec
à l’affiche, un Yithien que vos héros devront soutenir afin de faire reculer
une menace des plus critiques. Je sais qu’il y a beaucoup de Gardiens qui
cherchent des scénarios de ce genre avec un voyage exotique, un Ancien
bénéfique pour une fois (ce qui, rappelons-le, n’est pas prévu par le jeu au
départ-CF introduction du Manuel du Gardien), de l’action à la Indiana
Jones ; c’est vraiment un scénario que vos investigateurs vont adorer.
Et puis le troisième, celui qui a retenu mon attention, se
passe au Japon dans la mystérieuse et très dangereuse forêt d’Aokigahara. C’est
une forêt qui existe vraiment au Japon que l’on surnomme « la Forêt du
suicide ». Il y a énormément d’histoires sordides issue de cette forêt car
les gens continuent de s’y rendre encore aujourd’hui pour disparaître (voir note importante à lire en toute fin). Le
gouvernement y a même installé des pancartes dont les supplications de faire
demi tour, augmentent au fur et à mesure que les gens s’avancent dans les bois.
Donc, connaissant un peu l’histoire de ce coin du Japon, je n’ai pas pu
m’empêcher d’être attiré par le recueil et de me le procurer car cela aurait
été vraiment dommage de passer à côté. C’est l’occasion aussi de découvrir le
Japon des années folles, un état neuf et moderne qui a émergé suite à sa
victoire militaire contre les russes et au soutien économique et stratégiques
des USAs. Et puis une forêt, une forêt qui nous dépasse car cette fois, nous ne
sommes plus dans le Vermont ni dans une forêt noire à l’européenne, mais bien
dans une forêt millénaire du Japon où tout peut arriver.
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La ville existe vraiment, beaucoup de document disponibles sur la toile |
Alors que dire à propos de ce recueil ?
Je ne l’ai pas lu en détail car je suis long à lire et
j’attends d’avoir l’occasion de chercher un scénario à préparer pour les lire.
Il en va de même pour « Aventures Effroyables » d’ailleurs. Je les ai
néanmoins feuilletés et je vais vous donner un peu mes impressions premières
pour chacun des chapitres. Mais avant ça, quelques généralités.
Alors il annonce un peu l’arrivée de « Les Contrées du
Rêve » qui sort en Mars, avec des scénarios se déroulant dans cet univers
onirique, mais évidemment, pas besoin d’attendre la sortie du supplément
puisqu’il y a déjà ce qu’il faut dans le recueil et dans le Manuel du Gardien
(souvenez-vous qu’un court chapitre y est consacré). Dans les «Aventures
Effroyables », vous avez d’ailleurs aussi un scénario qui vous emmène dans
les Contrées.
Il faut signaler que l’ensemble des scénarios du recueil
sont conçus pour des investigateurs débutants et donc les critiques faites par
les joueurs expérimentés seront ce qu’elles sont, et on sait combien ils sont
exigeant avec un jeu aussi culte (c’est le cas de le dire) et
« sacré », mais cela reste des propositions pour joueurs débutants et
je crois que ces derniers trouveront leur compte.
En revanche, ne proposer que des scénarios imposant des
investigateurs pré-tirés à tendance à me gonfler. Dans certains scénarios du
recueil « Aventures Effroyables », cela peut se justifier lorsqu’il
est question de scénario de science-fiction ou bien au temps des pictes ;
mais là c’est pénible. Les joueurs adorent créer leur personnage, leur donner
une identité, un background, un caractère etc et là cela gâche le plaisir je
trouve. Faire des recommandations comme dans « Lettres de sang » en
imposant des choix de carrière plutôt que des pré-tirés, aurait été préférable.
Si on veut jouer avec des personnages pré-tirés, on allume une console de jeu
et on joue les midinettes en short acrobate/chercheuses d’artefact. Je mets le
doigt là-dessus, car cela ne se justifie pas la plupart du temps. C’est souvent
des profils d’infirmière, de psychologue, de détective tout ce qu’il y a de
plus basique ; donc c’était un peu gâcher du papier pour rien. Messieurs
les auteurs, on s’en tape de vos héros, les héros sont à ma table.

La seconde chose qui m’a vraiment gênée, c’est le scénario
avec la bande de voyou qui introduit la campagne. J’ai trouvé la description
des voyous est absolument grotesque et nulle. Que je vous explique : Le
scénario se passe durant les années 20 et donc l’auteur a voulu créer une bande
de motards, sauf que cela n’existe pas à l’époque. Du coup il a fait un gang de
motards, se déplaçant dans une grosse Ford avec des blousons en cuir et des
têtes de mort… C’est absolument n’importe quoi.
La culture de gang des motards telle qu’on la fantasme
(c'est-à-dire les Hells angels), elle s’est faite avec les vétérans de guerre
de la fin du XXème. Après la seconde guerre mondiale, les premiers clubs de
motos aux USAs, proposent une charte éthique du parfait gentleman motard et
c’est le refus de certains vétérans de signer cette charte, qui a créée la
culture motarde comme on la connaît ainsi que son esthétique. En gros, pas de
gang de motards sans la seconde guerre mondiale ni la guerre de Corée ni le
Vietnam.
Donc je veux bien qu’on puisse aimer Mad Max ou bien Sons of
Anarchy ou Scorpio Rising, mais on s’en tape : Là ce sont les années
folles.
Et à cette période, les voyous sont tout autre. Je veux
dire… Le rock’n’roll n’existe pas, le jazz commence a à peine traversé
l’atlantique. Donc cet anachronisme assumé à coup de « ouais bah je
voulais des motards, mais c’était pas possible, mais je le fais quand
même » et bien c’est quand même une justification dure à avaler.
Si cela se passe dans les années 20, cela se passe dans les
années 20 et on ne peut pas refaire l’histoire comme cela nous arrange. Il faut
que ce soit réaliste et immersif pour que les joueurs soient dépassés lorsque
les horreurs lovecraftiennes apparaîtront. Mais là, si on démarre le scénario
avec du grand n’importe quoi ; la campagne risque d’être longue et
difficile à supporter car les investigateurs ne prendront pas la partie au
sérieux.
Je trouve qu’avec ce genre de création, tout comme
Battlefield 1 où on brouille les pistes entre ce qui est de l’ordre de
l’Histoire et de la grosse daube de conneries réchauffées et mal digérées, cela
participe aussi à ce qu’on appelle en ce moment « la post-vérité ».
Si on me dit dès le début que je vais faire jouer une « dystopie »,
alors là d’accord. Mais ces conneries de créations post-modernes qui viennent
se superposer au Réel de façon ambigu ; je dis : Attention, soyez
clair avec ce que vous proposez aux gens et ne les induisez pas en erreur. C’est
la base, c’est comme ces histoires qui commencent avec un « toute
ressemblance avec des personnes existantes est fortuite ». Donc, est-ce que l’on joue une aventure dans les temps modernes ou bien dans des
dystopies ? Qu’on me l’indique correctement en début de scénario et pas
juste une justification à laquelle on peut répondre par : « Propose
une aventure en 1969 dans ce cas ».
Et puis sinon, je n’ai pas encore assez lu, mais j’ai
l’impression qu’il va falloir que je me retrousse les manches pour jouer
certains de ces scénarios afin que tout tienne debout et qu’on est loin d’un
objet qui vous mâche le travail. Alors, je n’ai pas de soucis d’invention,
d’improvisation et tout ça ; mais cela reste un peu le défaut qui vous fait
demander pourquoi avoir déboursé 36€ pour des scénarios qui vont vous faire
autant galérer que les scénarios trouvés sur internet (et encore, je suis sûr
qu’on trouve de véritables pépites).
Donc mon avis, c’est que c’est un objet un petit peu cher pour
ce que c’est, car c’est finalement plus cher que « Aventures
Effroyables » sans que cela ne se justifie (à moins que Sans-Détour ait à
verser une taxe chaque mois aux yakuzas dans ce cas je comprends). Après, on a
des éléments originaux et un background très intéressant. Le scénario en
croisière sera une parenthèse sympa à jouer durant une campagne, l’Inde avec
l’arme tout à fait « bad-ass » qui est incluse dedans, sera aussi
très sympas à jouer et puis un scénario traitant de la forêt d’Aokigahara, ce n’est
pas tout les jours que l’on voit ça.
Pour le reste, le scénario introductif de la mini campagne
ne me donne absolument pas envie car on démarre tout de suite avec ce qui est
de la pure connerie en barre, donc ça gâche un peu mon plaisir et mon envie de
vouloir jouer aux Contrées du Rêve avant l’heure.
Dans l’ensemble, cela reste très bien dosé en voyages, en
exploration, en actions, en investigation, en rencontres et en Lovecrafteries
en tout genre. Il y a des choses originales et séduisantes (la forêt du Japon
et le Yithien notamment), énormément de monstres à l’affiche, mais les
investigateurs pré-tirés ne se justifient pas la plupart du temps et n’ont rien
d’originaux… Je pense par exemple à l’infirmière belle et musclée qui est
finalement ma Miss Norma Banner des scénarios que je joue. Il y a aussi le
vétéran de guerre, le jeune détective… Je pense vraiment que ce n’était pas là-dessus
que les auteurs auraient dû mâcher le travail.
La dernière chose, c’est que pour l’instant, il n’y a pas de
PDFs sur le site de Sans-Détour proposant d’avoir les suppléments, j’entends
par là les objets des scénarios comme les lettres, les indices, les plans et ce
ne serait pas de trop à imprimer. Cela est disponible pour « Aventures
Effroyables » par exemple donc est-ce que c’est un problème de droit où
est-ce qu’on fait machine arrière sur les PDFs ou bien que cela arrivera plus
tard ? Le mystère reste entier.
Donc mon impression est mitigée, mais encore une fois c’est
une impression quasi à chaud et évidemment, mon avis évoluera une fois que je
commencerai à jouer ces aventures et comme d’habitude j’en fais des caisses
lorsque quelque chose me dérange, mais il y a aussi des éléments qui me
plaisent dans le contenu. Alors je vous le recommanderai tout de même, car cela
peut servir. Mais si vous pouvez le trouver moins cher, attendre une éventuelle
promotion pour vous le procurer, faites-le. Faites-le car c’est finalement
assez cher encore une fois comparée à « Aventures Effroyables ». Donc
si vous hésitez, attendez peut être la sortie de « Les Contrées du
Rêve » pour savoir si ce recueil peut apporter quelque chose à votre
expérience avec ce supplément ; mais si vous voulez faire voyager vos
investigateurs sans passer par une campagne comme les 5 Supplices (la plus
longue jamais éditée pour rappel), et bien orientez-vous plutôt sur cet
ouvrage.
On se quittera sur ces bons conseils et je vous donne
rendez-vous bientôt pour d’autres articles.
D’ici là, restez à l’affût, laissez moi un commentaire pour
savoir si vous vous retrouvez dans cette critique ou si vous avez des questions
sur des choses que j’aurais oublié d’aborder et surtout ; amusez-vous
bien !
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Avis aux âmes sensibles : évitez de faire des recherches d'image sur le net |
URGENT A LIRE : Je tiens à mettre en garde mes lecteurs en ce qui concerne les recherches que vous pourriez faire à propos de la forêt Aokigahara. En effet, sa réputation de forêt du suicide, de forêt morbide, est toujours d'actualité... Si bien que vous pouvez très facilement tomber sur des photos extrêmement choquantes de cadavres retrouvés dans cette forêt. Ces photos sont vraies et les cadavres sont bien réels, je vous mets donc en garde là maintenant afin que vous n'ayez pas de mauvaises surprises. Pour ceux qui trouveraient cela amusant, je vous rappelle que le respect des morts n'est pas quelque chose à prendre à la légère et j'espère que vous aurez la maturité de ne pas utiliser cette information à des fins perverses et répréhensible. Cette information est une mise en garde plus que sérieuse.
Dieter Crane : Rédacteur en Chef et Gardien débutant.