vendredi 10 février 2017

"Pluie d'étoiles sur le Plateau de Leng" : Présentation et première impression


Chers amis,
Vous avez été nombreux à saluer mon retour et à passer voir ce blog après quasiment 3 mois d’absence. J’ai pu constater que vous ne m’aviez pas oublié pour certains, si bien que l’épisode 2 du rapport d’Aventure « Lettres de sang », a rejoint le top 10 des articles les plus visionné.
Je ne m’attendais pas un retour comme celui-ci et cela me conforte à nouveau dans l’idée qu’il y a une demande et que 40 Arkham Avenue peut être un beau projet.
Merci.
Place maintenant à la présentation de ce que je  me suis procuré dernièrement :


Bienvenue à Calcuta, années 20'
« Pluies d’étoiles sur la plateau de Leng ».

C’est officiellement le numéro 45 de la gamme de l’Appel de Cthulhu et donc, le numéro 5 de la V7 (eh oui déjà !) ; orienté principalement « aventure » avec un petit chapitre tout de même pour placer du contexte.
Alors de quoi s’agit-il ? C’est un recueil de scénarios avec principalement une mini campagne qui se déroule entre une ville américaine de l’Arkansas et les Contrées du rêve ; composés de 3 scénarios (dont un facultatif) et une mise en contexte sur la ville d’Eurêka Springs (véritable ville de l’Arkansas) et de ses habitants.

Alors, malgré l’apparent manque d’épaisseur comparé aux autres volumes sortis, je peux vous dire que cette campagne est tout de même assez dense. Le temps estimé en tout dans le bouquin est de 12h, dont 8h pour « Pluie d’étoiles.. » (2h pour chacun des deux autres scénarios), ce qui est donc pas mal du tout.  En ce qui concerne les deux scénarios introductifs, il y en a un qui me gène tout particulièrement (mais je vais y revenir), qui propose tout de suite de l’action et un second qui semble être un peu plus proche de l’étrangeté que l’on pourrait retrouver chez Stephen Kings avec une ville qui va réagir aux événements du scénario précédent.

Quoi d’autre ? Trois scénarios inédits qui viennent s’ajouter au thème général du Livre qui est celui d’introduire les Contrée du Rêve (qui doivent être en cours d’impression/montage au moment où j’écris ceci) et aussi de voyager. En effet, vous avez un scénario sur une croisière dont la trame paraît un peu bancale à première vue, mais qui peut être très intéressant à exploiter dans son fonctionnement pour ajouter un aparté à une campagne qui nécessite de traverser l’atlantique, ou bien comme scénario pour initier des joueurs car il y a un côté ludique assez intéressant en ce qui concerne la façon de jauger les PNJs.

Vous avez un second scénario qui fera voyager vos investigateurs en Inde, qui est un territoire jusque là inexploité en v7. Avec à l’affiche, un Yithien que vos héros devront soutenir afin de faire reculer une menace des plus critiques. Je sais qu’il y a beaucoup de Gardiens qui cherchent des scénarios de ce genre avec un voyage exotique, un Ancien bénéfique pour une fois (ce qui, rappelons-le, n’est pas prévu par le jeu au départ-CF introduction du Manuel du Gardien), de l’action à la Indiana Jones ; c’est vraiment un scénario que vos investigateurs vont adorer.

Et puis le troisième, celui qui a retenu mon attention, se passe au Japon dans la mystérieuse et très dangereuse forêt d’Aokigahara. C’est une forêt qui existe vraiment au Japon que l’on surnomme « la Forêt du suicide ». Il y a énormément d’histoires sordides issue de cette forêt car les gens continuent de s’y rendre encore aujourd’hui pour disparaître (voir note importante à lire en toute fin). Le gouvernement y a même installé des pancartes dont les supplications de faire demi tour, augmentent au fur et à mesure que les gens s’avancent dans les bois. Donc, connaissant un peu l’histoire de ce coin du Japon, je n’ai pas pu m’empêcher d’être attiré par le recueil et de me le procurer car cela aurait été vraiment dommage de passer à côté. C’est l’occasion aussi de découvrir le Japon des années folles, un état neuf et moderne qui a émergé suite à sa victoire militaire contre les russes et au soutien économique et stratégiques des USAs. Et puis une forêt, une forêt qui nous dépasse car cette fois, nous ne sommes plus dans le Vermont ni dans une forêt noire à l’européenne, mais bien dans une forêt millénaire du Japon où tout peut arriver.



La ville existe vraiment, beaucoup de document disponibles sur la toile
Alors que dire à propos de ce recueil ?

Je ne l’ai pas lu en détail car je suis long à lire et j’attends d’avoir l’occasion de chercher un scénario à préparer pour les lire. Il en va de même pour « Aventures Effroyables » d’ailleurs. Je les ai néanmoins feuilletés et je vais vous donner un peu mes impressions premières pour chacun des chapitres. Mais avant ça, quelques généralités.

Alors il annonce un peu l’arrivée de « Les Contrées du Rêve » qui sort en Mars, avec des scénarios se déroulant dans cet univers onirique, mais évidemment, pas besoin d’attendre la sortie du supplément puisqu’il y a déjà ce qu’il faut dans le recueil et dans le Manuel du Gardien (souvenez-vous qu’un court chapitre y est consacré). Dans les «Aventures Effroyables », vous avez d’ailleurs aussi un scénario qui vous emmène dans les Contrées.

Il faut signaler que l’ensemble des scénarios du recueil sont conçus pour des investigateurs débutants et donc les critiques faites par les joueurs expérimentés seront ce qu’elles sont, et on sait combien ils sont exigeant avec un jeu aussi culte (c’est le cas de le dire) et « sacré », mais cela reste des propositions pour joueurs débutants et je crois que ces derniers trouveront leur compte.

En revanche, ne proposer que des scénarios imposant des investigateurs pré-tirés à tendance à me gonfler. Dans certains scénarios du recueil « Aventures Effroyables », cela peut se justifier lorsqu’il est question de scénario de science-fiction ou bien au temps des pictes ; mais là c’est pénible. Les joueurs adorent créer leur personnage, leur donner une identité, un background, un caractère etc et là cela gâche le plaisir je trouve. Faire des recommandations comme dans « Lettres de sang » en imposant des choix de carrière plutôt que des pré-tirés, aurait été préférable. Si on veut jouer avec des personnages pré-tirés, on allume une console de jeu et on joue les midinettes en short acrobate/chercheuses d’artefact. Je mets le doigt là-dessus, car cela ne se justifie pas la plupart du temps. C’est souvent des profils d’infirmière, de psychologue, de détective tout ce qu’il y a de plus basique ; donc c’était un peu gâcher du papier pour rien. Messieurs les auteurs, on s’en tape de vos héros, les héros sont à ma table. 


La seconde chose qui m’a vraiment gênée, c’est le scénario avec la bande de voyou qui introduit la campagne. J’ai trouvé la description des voyous est absolument grotesque et nulle. Que je vous explique : Le scénario se passe durant les années 20 et donc l’auteur a voulu créer une bande de motards, sauf que cela n’existe pas à l’époque. Du coup il a fait un gang de motards, se déplaçant dans une grosse Ford avec des blousons en cuir et des têtes de mort… C’est absolument n’importe quoi.

La culture de gang des motards telle qu’on la fantasme (c'est-à-dire les Hells angels), elle s’est faite avec les vétérans de guerre de la fin du XXème. Après la seconde guerre mondiale, les premiers clubs de motos aux USAs, proposent une charte éthique du parfait gentleman motard et c’est le refus de certains vétérans de signer cette charte, qui a créée la culture motarde comme on la connaît ainsi que son esthétique. En gros, pas de gang de motards sans la seconde guerre mondiale ni la guerre de Corée ni le Vietnam.
Donc je veux bien qu’on puisse aimer Mad Max ou bien Sons of Anarchy ou Scorpio Rising, mais on s’en tape : Là ce sont les années folles.

Et à cette période, les voyous sont tout autre. Je veux dire… Le rock’n’roll n’existe pas, le jazz commence a à peine traversé l’atlantique. Donc cet anachronisme assumé à coup de « ouais bah je voulais des motards, mais c’était pas possible, mais je le fais quand même » et bien c’est quand même une justification dure à avaler.

Si cela se passe dans les années 20, cela se passe dans les années 20 et on ne peut pas refaire l’histoire comme cela nous arrange. Il faut que ce soit réaliste et immersif pour que les joueurs soient dépassés lorsque les horreurs lovecraftiennes apparaîtront. Mais là, si on démarre le scénario avec du grand n’importe quoi ; la campagne risque d’être longue et difficile à supporter car les investigateurs ne prendront pas la partie au sérieux.

Je trouve qu’avec ce genre de création, tout comme Battlefield 1 où on brouille les pistes entre ce qui est de l’ordre de l’Histoire et de la grosse daube de conneries réchauffées et mal digérées, cela participe aussi à ce qu’on appelle en ce moment « la post-vérité ». Si on me dit dès le début que je vais faire jouer une « dystopie », alors là d’accord. Mais ces conneries de créations post-modernes qui viennent se superposer au Réel de façon ambigu ; je dis : Attention, soyez clair avec ce que vous proposez aux gens et ne les induisez pas en erreur. C’est la base, c’est comme ces histoires qui commencent avec un « toute ressemblance avec des personnes existantes est fortuite ». Donc, est-ce que l’on joue une aventure dans les temps modernes ou bien dans des dystopies ? Qu’on me l’indique correctement en début de scénario et pas juste une justification à laquelle on peut répondre par : « Propose une aventure en 1969 dans ce cas ».

Et puis sinon, je n’ai pas encore assez lu, mais j’ai l’impression qu’il va falloir que je me retrousse les manches pour jouer certains de ces scénarios afin que tout tienne debout et qu’on est loin d’un objet qui vous mâche le travail. Alors, je n’ai pas de soucis d’invention, d’improvisation et tout ça ; mais cela reste un peu le défaut qui vous fait demander pourquoi avoir déboursé 36€ pour des scénarios qui vont vous faire autant galérer que les scénarios trouvés sur internet (et encore, je suis sûr qu’on trouve de véritables pépites).

Donc mon avis, c’est que c’est un objet un petit peu cher pour ce que c’est, car c’est finalement plus cher que « Aventures Effroyables » sans que cela ne se justifie (à moins que Sans-Détour ait à verser une taxe chaque mois aux yakuzas dans ce cas je comprends). Après, on a des éléments originaux et un background très intéressant. Le scénario en croisière sera une parenthèse sympa à jouer durant une campagne, l’Inde avec l’arme tout à fait « bad-ass » qui est incluse dedans, sera aussi très sympas à jouer et puis un scénario traitant de la forêt d’Aokigahara, ce n’est pas tout les jours que l’on voit ça.

Pour le reste, le scénario introductif de la mini campagne ne me donne absolument pas envie car on démarre tout de suite avec ce qui est de la pure connerie en barre, donc ça gâche un peu mon plaisir et mon envie de vouloir jouer aux Contrées du Rêve avant l’heure.

Dans l’ensemble, cela reste très bien dosé en voyages, en exploration, en actions, en investigation, en rencontres et en Lovecrafteries en tout genre. Il y a des choses originales et séduisantes (la forêt du Japon et le Yithien notamment), énormément de monstres à l’affiche, mais les investigateurs pré-tirés ne se justifient pas la plupart du temps et n’ont rien d’originaux… Je pense par exemple à l’infirmière belle et musclée qui est finalement ma Miss Norma Banner des scénarios que je joue. Il y a aussi le vétéran de guerre, le jeune détective…  Je pense vraiment que ce n’était pas là-dessus que les auteurs auraient dû mâcher le travail.
La dernière chose, c’est que pour l’instant, il n’y a pas de PDFs sur le site de Sans-Détour proposant d’avoir les suppléments, j’entends par là les objets des scénarios comme les lettres, les indices, les plans et ce ne serait pas de trop à imprimer. Cela est disponible pour « Aventures Effroyables » par exemple donc est-ce que c’est un problème de droit où est-ce qu’on fait machine arrière sur les PDFs ou bien que cela arrivera plus tard ? Le mystère reste entier.

Donc mon impression est mitigée, mais encore une fois c’est une impression quasi à chaud et évidemment, mon avis évoluera une fois que je commencerai à jouer ces aventures et comme d’habitude j’en fais des caisses lorsque quelque chose me dérange, mais il y a aussi des éléments qui me plaisent dans le contenu. Alors je vous le recommanderai tout de même, car cela peut servir. Mais si vous pouvez le trouver moins cher, attendre une éventuelle promotion pour vous le procurer, faites-le. Faites-le car c’est finalement assez cher encore une fois comparée à « Aventures Effroyables ». Donc si vous hésitez, attendez peut être la sortie de « Les Contrées du Rêve » pour savoir si ce recueil peut apporter quelque chose à votre expérience avec ce supplément ; mais si vous voulez faire voyager vos investigateurs sans passer par une campagne comme les 5 Supplices (la plus longue jamais éditée pour rappel), et bien orientez-vous plutôt sur cet ouvrage.
On se quittera sur ces bons conseils et je vous donne rendez-vous bientôt pour d’autres articles.

D’ici là, restez à l’affût, laissez moi un commentaire pour savoir si vous vous retrouvez dans cette critique ou si vous avez des questions sur des choses que j’aurais oublié d’aborder et surtout ; amusez-vous bien !

Avis aux âmes sensibles : évitez de faire des recherches d'image sur le net


URGENT A LIRE : Je tiens à mettre en garde mes lecteurs en ce qui concerne les recherches que vous pourriez faire à propos de la forêt Aokigahara. En effet, sa réputation de forêt du suicide, de forêt morbide, est toujours d'actualité... Si bien que vous pouvez très facilement tomber sur des photos extrêmement choquantes de cadavres retrouvés dans cette forêt. Ces photos sont vraies et les cadavres sont bien réels, je vous mets donc en garde là maintenant afin que vous n'ayez pas de mauvaises surprises. Pour ceux qui trouveraient cela amusant, je vous rappelle que le respect des morts n'est pas quelque chose à prendre à la légère et j'espère que vous aurez la maturité de ne pas utiliser cette information à des fins perverses et répréhensible. Cette information est une mise en garde plus que sérieuse. 



Dieter Crane : Rédacteur en Chef et Gardien débutant.

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